Épisode 4 : un régime au pied du mur (1795-1799)

(Temps de lecture estimé : 5-6 min)

Pour rappel : lien vers l'épisode précédent qui traite des débuts de la Première République et de la lutte entre les Montagnards et les Girondins

IV- Un régime au pied du mur (1795-1799)

La nécessité de réorganiser la France après la Terreur

L’exécution de Robespierre permet aux modérés de revenir au pouvoir. Ce sont d’anciens Montagnards opposés à la Terreur ou des membres du Marais, issus de la bourgeoisie qui veulent renouer avec les principes de 1789. Ils commencent par faire fermer le club des Jacobins, partisans de Robespierre et de la politique montagnarde. La liberté de culte est rétablie et les prisons ouvrent.

Cependant, les oppositions ne tardent pas à ressurgir. À gauche, les révolutionnaires catégoriques protestent contre la hausse des prix et la suppression de la Constitution de 1793. Ces émeutes sont violemment réprimées. À droite, la contre-Révolution orchestrée par les royalistes fait plus de 2 000 morts.

Les clés du Nouveau Régime “démocratique”

La Constitution de l’an III (août 1795), à la recherche d’un équilibre entre la dictature jacobine et la monarchie, fonde un nouveau régime : le Directoire. Il s’agit de la troisième tentative de créer un État stable car constitutionnel.

Le pouvoir législatif est partagé entre deux assemblées : le Conseil des Cinq-Cents et le Conseil des Anciens. L’une discute et propose les lois, l’autre les vote sans pouvoir les amender. Le pouvoir est ainsi morcelé pour éviter toute tentative de coup d’État.

Le pouvoir exécutif est un directoire de cinq personnes, nommées par le Conseil des Anciens sur une liste fournie par le Conseil des Cinq-Cents. Les ministres et les cinq Directeurs n’ont pas à justifier leurs décisions devant les Assemblées, mais ils ne peuvent non plus les dissoudre.

Le suffrage censitaire est rétabli. Ce retour en arrière témoigne de la crainte bourgeoise face à la fièvre révolutionnaire du petit peuple.

Séparation des pouvoirs sous le Directoire

L’échec du Directoire : une porte s’ouvre pour Bonaparte

Le Directoire doit faire face à une crise économique et sociale qui creuse les inégalités entre les bourgeois et le petit peuple. Les impôts ne rentrent plus. À partir de 1797, l'État demande aux contribuables de payer les impôts en numéraire. Or, avec la crise financière, la monnaie métallique s'est raréfiée. Après des années d'inflation, la France connaît une période de baisse des prix qui touche principalement le monde rural.

Incapable de faire face à l'énorme dette accumulée par la monarchie absolue et les huit années de révolution, les Assemblées se résignent à la banqueroute des « deux tiers » : La France renonce à payer les deux tiers de sa dette publique. Pour paraître crédible aux yeux des créanciers, un nouvel impôt sur les portes et fenêtres est créé en 1798. Les gendarmes sont réquisitionnés pour recouvrer l'impôt.

Des tentatives de coup d’État sont alors organisées : la Conspiration des Égaux de Gracchus Babeuf, par exemple, prône le retour à une révolution sociale et démocratique.

La bourgeoisie, quant à elle, se détourne d’un régime républicain qu’elle juge trop violent et instable, et penche vers une monarchie constitutionnelle. Les royalistes réussissent même à remporter les élections de 1797.

Les seuls titres de gloire du Régime sont donc militaires : les victoires de 1794 conduisent à l’annexion de la Belgique et de la rive gauche du Rhin. Des Républiques Sœurs, fonctionnant sur le même modèle que la France, sont alors établies en Italie après les victoires de Bonaparte, et en Suisse.

Les conquêtes françaises de 1794 à 1799

Alors que l’Angleterre, inquiète de l’influence française, s’apprête à organiser une seconde coalition contre la France, l’un des membres du Directoire, Sieyès, veut réviser la Constitution pour établir un pouvoir exécutif fort. Il fait appel au populaire général Napoléon Bonaparte pour opérer le coup d’État du 18 Brumaire. Le lendemain, Napoléon parvient à imposer un exécutif de trois consuls pour remplacer le Directoire : « Citoyens, la Révolution est fixée aux principes qui l’ont commencée, elle est finie. »

Le Directoire n’existe plus, remplacé par un régime semi-démocratique qui servira d’avant-garde à l’Empire. Après tout, qu’y-a-t-il dans cette nouvelle Constitution ? Il y a Bonaparte.



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Textes de Benoît Thomassin et Laurent Dumas ; Cartes de Eric Mariage ; Éditorial Cédric Soubrié et Nathalie Combaz. Contactez-nous pour réutiliser les cartes ou le texte.

Sources :

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