Histoire des jeux vidéo - l'arrivée de Nintendo (1985)

Texte de Adrien Martel (retrouvez le sur Twitter : @tweetklash)
Temps de lecture estimé 3-5 mn

Pour beaucoup d'américains en 1985, le jeu vidéo est mort et enterré (voir épisode précédent sur Atari). On compare cette mouvance à celle du disco, aussi puissante qu'éphémère.

Cependant, dans un Japon relativement épargné par la mode du jeux vidéo et dans une Europe qui l'a découvert très tardivement, le marché se maintient encore.

De quoi laisser rêver de nouveaux arrivants ...

II- Nintendo, plus qu’un concurrent, un héritier

À la conquête du marché américain

C’est dans ce contexte que Nintendo, entreprise familiale de cartes à jouer vivote sur l’archipel grâce à son invention, le Famicom. Si le succès de cette console s’arrête aux frontières du pays, elle a pourtant déjà tout pour plaire : une manette révolutionnaire (proche de celle de la NES, qui augurera toute la génération de contrôleurs dont ceux que nous connaissons aujourd’hui), de nombreux accessoires et des graphismes 8 bits inégalés à l’époque.

Conscient de son potentiel, le Japonais veut conquérir les États-Unis, en s’associant avec Atari. Ce dernier, sur le déclin et peu emballé à l’idée de partager son empire, verra le nippon arriver avec beaucoup de scepticisme. Après des mois de tractations, c’est un désaccord sur la paternité et les droits d’exploitation de Donkey Kong qui plombera définitivement tout espoir d’alliance entre les deux entreprises. Une occasion manquée pour laquelle Atari aura bientôt l’occasion de se mordre les doigts...

Echaudé, Nintendo décide de se lancer seul, et présente son Famicom au CES (le plus grand salon high tech des États-Unis) de Las Vegas début 1985. La réaction du public et des professionnels est au delà de ce que l’on pouvait craindre : on explique avec beaucoup de condescendance au petit Japonais qu’il a dix ans de retard, et que personne ne s'intéressera à son jouet.

1985 : des investisseurs moroses mais un public conquis

Durant l’année 1985 le nippon va tenter plusieurs stratégies pour convaincre un public morose : changer de nom d’abord. Si le terme “jeu vidéo” fait peur, alors la nouvelle console Nintendo s’appellera “Advanced Video System”, avant de devenir la “Nintendo Entertainment System” ou “NES” que nous avons tous connu.

Afin d’attirer un public nouveau, ses deux jeux originels “Duck Hunt” et “Gyromite” seront tous deux vendus avec des accessoires hors du commun : un pistolet pour le premier, permettant de tirer les canards virtuels, et un robot pour le second, offrant tout un panel de mouvements et de possibilités.

La mythique NES

Le public est fasciné, mais les investisseurs ont payé un trop lourd tribut ces dernières années. Convaincu d’un succès à venir mais toujours seul, Nintendo se lance après un an de tractations dans la bataille pour Noël 1985.

Les démarches des commerciaux nippons durant les années 1985/86 resteront dans les annales pour leur audace. Pour Noël, le Japonais réussit à placer des consoles chez tous les petits revendeurs avec cette promesse surréaliste : “si vous avez des consoles invendues, nous vous les rachèterons”. Le résultat sans être démesuré est satisfaisant, et le public commence à se passionner pour cette étrange boite grise.

Le coup de poker

L’année suivante, Nintendo veut accélérer les choses, et contacte Worlds Of Wonder. Fabricant de jouets au succès déjà indiscutable aux États-Unis, il compte cette année déplacer les foules avec une peluche : le Teddy Ruxpin.

Son bilan 1985 sous la main, le nippon demande, en échange d’une partie de ses bénéfices, que le fabricant américain impose des NES partout où il vendra son Teddy Ruxpin. En résumé, le discours de Worlds Of Wonder aux fournisseurs de jouets ressembla à “vous voulez la dernière peluche de chez Worlds Of Wonder ? D’accord, mais il faut nous prendre 5000 Nintendo avec.”

La fameuse peluche de Worlds Of Wonder.

L’opération est un succès. Porté par les hits sortis l’année suivante incluant Metroid, Punch Out! ou encore ExciteBike (Mario n’existe même pas encore!), Nintendo tient bientôt le marché d’une main de fer, représentant parfois à lui seul 50% du chiffre d’affaires des magasins de jouets. À la surprise générale, les Japonais ont ressuscité le jeu vidéo. Au grand dam de celui qui a raté le coche deux ans auparavant...Atari.




III- Le retour d'une légende

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L'auteur

Adrien, correspondant de presse et rédacteur

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©UneToucheD'Histoire - Textes et images Adrien Martel. Contactez-nous pour réutiliser le texte : e-mail.

Sources :

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